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Les Mercedes de Paul Bracq
5 février 2009

La 300 SE L a été, tout au long des années 60, la

La 300 SE L a été, tout au long des années 60, la berline de luxe que Mercedes Benz proposait à sa clientèle fortunée. Elle a occupé, pendant une dizaine d'années, le haut de la gamme des berlines de classe S qui étaient déjà chères.

Elle s'en distinguait par un prix nettement plus élevé encore, un certain nombre d'équipements de confort étant intégrés à sa dotation de base: c'est ainsi que cette berline à empattement long avait hérité d'une extraordinaire suspension pneumatique, insensible à la charge, tout comme au cabrage lors d'accélérations vigoureuses, ou encore à la plongée lors de freinages particulièrement énergiques.

La boîte automatique n'était pas en reste, et c'était bien la boîte manuelle qui faisait l'objet d'une commande spéciale. Les glaces électriques furent rapidement proposées en série dès qu'elles furent disponibles fin 1965, tout comme le verrouillage centralisé par dépression pneumatique, qui était en outre parfaitement silencieux.

L'aménagement intérieur faisait appel à des matériaux encore plus exclusifs, avec des moquettes rases de laine, et une sellerie en velours de mohair ou en cuir selon les désirs du client. Il lui restait la possibilité de dépenser encore plus de sous en équipant sa belle automobile d'un autoradio, d'un toit ouvrant, d'un climatiseur d'air, de repose-têtes, ou d'un jeu de valises spéciales qui utilisaient au mieux le volume du coffre, déjà connu pour être particulièrement généreux.

La motorisation de la 300 SE L était vite devenue le talon d'achille du modèle. A ce niveau de prix, la clientèle se montrait particulièrement exigeante, et critiquait parfois le six cylindres de trois litres qui, malgré un bon rendement, ne pouvait pas tenir la dragée haute aux Jaguar de cylindrée supérieure, ou aux voitures américaines propulsées par de puissants, mais gloutons huit cylindres en V.

C'est pourquoi les ingénieurs motoristes de la firme à l'étoile songèrent un jour à installer le moteur développé pour la gande Merecedes 600 dans la 300 SE L moins spectaculaire. Il y rentra avec un chausse-pied, et transforma au delà de toutes les espérances les possibilités routières de celle qui était devenue une sorte de "600 légère".

La voiture accélérait désormais plus fort qu'une Porsche ou qu'une Ferrari, tout en restant une berline sage à l'appétit modéré si l'on se contentait de caresser l'accélérateur. C'est pourquoi elle devint rapidement la coqueluche des coureurs automobiles, et des stars du show-biz très pressées.

Après une absence due aux chocs pétroliers du début des années 70, la 450 SE L 6.9 qui prit la relève en 1975 allait encore plus vite, mais n'avait plus cette brutalité lors des démarrages vigoureux de la conduite sportive qui laissaient de longues traînées de gomme sur l'asphalte jusqu'après l'enclenchement du deuxième rapport de la boîte de vitesses automatique...

Dans les petites annonces de voitures d'occasion, on trouva quelques années encore des 6.3 à vendre, qui avaient beaucoup roulé, et dont les conducteurs avaient du remplacer les transmissions et ponts arrières cassés par l'insoupçonnable puissance du moteur.

C'est à cette époque là que je devais m'en offrir une, qui me permit en fait d'arrêter en douceur de faire de la moto. Les conditions de circulation n'avaient alors rien à voir avec celles que nous connaissons actuellement: sur la route, la 6.3 doublait toutes les voitures qui se trouvaient sur son passage, et souvent par grappes de trois ou quatre!

Je ne gardai cette formidable automobile que deux ou trois ans, jusqu'à ce qu'elle soit frappée par la "supervignette" qui envoya toutes les autos de plus de 17 chevaux fiscaux faire une longue traversée du désert. Certaines n'avaient pas beaucoup servi, et c'est ainsi que je tombai, vingt ans plus tard, sur une autre 300 SE L 6.3 annoncée dans les colonnes d'Auto-Rétro...

La voiture n'avait pas 40.000km, et se trouvait à Parthenay. Je suis allé la voir au retour de mes vacances d'été que je passais invariablement dans le Béarn et les Landes. L'histoire de cette voiture n'était pas banale, un marchand de bestiaux de la région se l'étant offerte avant que la fabrication n'en soit arrêtée. Il en avait profité pour aller la chercher lui-même à l'usine, et pousser ensuite jusqu'à Munich pour assister aux jeux olympiques. Il l'utilisa ensuite avec parcimonie, et fit jurer à son épouse, peu avant son décès, d'interdire à jamais aux enfants d'utiliser cette voiture qu'il jugeait trop puissante et dangereuse.

Les tractations furent longues et âpres, pour finalement ne pas aboutir. Madame Trouvé en attendait une somme que je jugeais irréaliste, mais qu'un négociant belge, Philippe Pas, plus passionné que moi encore peut être, finit par lui donner. C'est à cette époque que nous fîmes connaissance, et que je décidai de lui prendre cette 6.3 en reprise sur la 230 SL dont je venais de terminer la remise en route.

Je pus recommencer le même travail sur cette nouvelle voiture, ponctué de quelques allers-retours au Luxembourg chez Frédéric Fayaud pour me procurer les pièces à remplacer. Au départ, l'auto roulait mal, car elle avait les pneus déformés par sa longue immobilisation, l'échappement pourri, tous les filtres bouchés par la rouille qui s'était formée dans le réservoir d'essence, un correcteur de hauteur grippé qui organisait des fuites dans le système de suspension pneumatique: à l'arrêt, au bout de quelques heures, la voiture s'affaissait à l'avant droit, et ressemblait à un chameau malade...

Les heures de main d'oeuvre se sont assez vite accumulées, l'accessibilité mécanique n'étant pas le point fort de la 6.3 ! Mais le résultat fut à la hauteur de mes espérances, c'est à dire exceptionnel. Je la mis plus tard en vente sur un site allemand, et je me souviens encore d'un coup de fil donné par un amateur de belles voitures strasbourgeois, qui avait raccroché d'un air narquois après avoir obtenu le renseignement capital: il s'imaginait que j'étais fou à lier, et que je ne la vendrais jamais...

Eh bien, cette automobile devenue au demeurant fort rare a trouvé rapidement preneur auprès d'un amateur italien de grosses Mercedes à moteurs V8... Il l'a du reste toujours, et continue à l'entretenir méticuleusement! 

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Commentaires
T
A young idler, an old beggar.
F
Superbe auto , et bravo pour ce site , je vous laisse l'adresse du mien dédié aux w108/w109 : http://pagesperso-orange.fr/w108w109/<br /> <br /> Salutations Franck
Les Mercedes de Paul Bracq
  • La mercedes du miracle économique allemand fut le révélateur de ma passion pour les belles automobiles. Les modèles esthétiquement les plus réussis de cette période ont un dénominateur commun: Paul Bracq, styliste de renommée mondiale.
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