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Les Mercedes de Paul Bracq
12 mai 2009

La 220 S, celle que vous découvrez ici, a

La 220 S, celle que vous découvrez ici, a représenté "le juste milieu" de la gamme tout au long de ses six années de carrière. Elle fut bien souvent préférée à la 220 dont la carrosserie était pourtant identique, mais plus chichement décorée, et dont l'intérieur spartiate rappelait trop la 190 qui fit le bonheur de tant de conducteurs de taxi avec ses lymphatiques moteurs Diesel...

Pour une clientèle fortunée, mais point trop dépensière, elle répondait au souci d'avoir un minimum de luxe et de confort au plus juste prix, sans pour autant céder aux perfectionnements couteux qu'étaient à l'époque un système d'injection d'essence, une direction assistée, une boite de vitesses automatique, ou encore une étonnante suspension pneumatique, réservée au haut de gamme qu'était la 300 SE et dont la production était restée plutôt confidentielle...

C'est dans cet état d'esprit que Louis Hollender avait acheté sa Mercedes en 1963, ne cédant à la tentation du catalogue des options que pour un seul supplément: les pneus à flanc blanc, qui contrastaient d'heureuse manière avec la traditionnelle peinture noire un peu sévère, mais qui était encore affectionnée au cours des années 60 pour son chic indiscutable.

Une 404 Peugeot devait suivre quatre ans plus tard, noire encore et tout aussi basique, mais aux roues dont l'éclat était néanmoins rehaussé par les grands enjoliveurs réservés d'habitude à la berline super luxe. C'est à cette époque et au volant de cette voiture que je devais remarquer son élégante épouse qui conduisait toujours les mains gantées, et qui affectionnait de se garer toujours au même endroit, sur un petit parking surveillé place du Temple Neuf, en face du Gymnase Protestant où je faisais mes études secondaires.

Ce n'est que bien des années plus tard que je devais revoir Regina Taddeo faire faire le plein de sa 220 S à une station service tout près de son domicile, et qu'elle m'expliqua qu'elle réservait la Mercedes plutôt aux grands trajets qu'à la conduite en ville pour laquelle la Peugeot lui semblait plus indiquée. J'avais à l'époque une 250 SL gris métallisé qui ne fit qu'accroitre son étonnement quand je lui parlai de l'intérêt que j'avais pour sa voiture.

La 220 S n'était pas à vendre, puisqu'elle s'en servait encore régulièrement pour aller voir sa soeur à Zurich. Le concessionnaire la lui révisait chaque année, et il n'était pas rare que nous nous croisions à l'atelier de mécanique, ou à celui de carrosserie... Car sa charmante conductrice ne rajeunissait pas, et était devenue moins sure d'elle au volant, sa vue ayant considérablement baissé. Plusieurs bobos furent ainsi réparés et passés sous silence dans la correspondance régulière que nous entretenions au fil du temps.

Un beau jour, le téléphone sonna, et j'eus la surprise d'entendre à l'autre bout du fil une voix à l'accent allemand délicieux que je connaissais bien: "Allo! C'est Madame Hollender... J'appelle pour le Mercedes! Je veux le débarrasser!

Elle m'avoua n'avoir plus roulé depuis plus d'un an, date à laquelle elle avait du faire repeindre l'avant de la voiture... Une fois sur place, je n'ai pu que constater que l'auto avait été rangée dans son box en serrant le mur d'un peu trop près, et que le flanc droit avait été éraflé sur une bonne longueur au passage de la porte basculante... La voiture était donc sortie de l'atelier de peinture pour y retourner encore!

Une fois l'affaire conclue, c'est effectivement le chemin qu'elle prit pour une restauration de la carrosserie... Les ailes avant furent remplacées, les portes débosselées, et les fonds de coffre ressoudés après l'élimination des dégâts causés par la rouille. Puis les deux flancs furent repeints, en conservant les capots et le toit en peinture d'origine, exactement comme sur le coupé 220 SE de la boucherie Kirn...

Je poussai encore le souci du détail jusqu'à récupérer les jantes sur lesquelles avaient été montés des pneus d'hiver; car comme tant d'autres, cette 220 S avait reçu un jour des jantes de 14 pouces, les 7.25 x 13 étant devenus impossibles à trouver dans les années 70. De splendides pneus diagonaux à flanc blanc, aujourd'hui refabriqués, allaient parachever l'ensemble avec de nouveaux enjoliveurs de roues, aussi neufs que d'origine!

Ces berlines restèrent longtemps démodées après avoir reçu la nouvelle carrosserie dessinée par Paul Bracq en 1965. C'est curieusement pour cela qu'elles sont particulièrement appréciées dans leur pays d'origine où beaucoup sont retournées. Celle ci n'a pas échappé à la règle, et coulera encore longtemps des jours heureux chez un photographe de l'usine, affecté au département des voitures de course.

 

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Commentaires
Les Mercedes de Paul Bracq
  • La mercedes du miracle économique allemand fut le révélateur de ma passion pour les belles automobiles. Les modèles esthétiquement les plus réussis de cette période ont un dénominateur commun: Paul Bracq, styliste de renommée mondiale.
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