Il fut une époque où l'on pouvait encore rouler à

Il fut une époque où l'on pouvait encore rouler à Strasbourg, qui n'était pas encore capitale de l'Europe, capitale de Noël... Je vous parle de temps révolus, où quand on aperçevait une belle voiture au loin, on arrivait encore à la rattraper, et à la suivre...

C'était à la fin des années 70, et je vis alors pour la première fois une splendide "Pagode" d'un beau bleu métallisé qui allait se garer rue du Temple Neuf, à deux pas de ce qui ne s'appelait pas encore le Carré d'Or. Sa conductrice était sans doute allé faire un peu de shopping, et j'en avais profité pour reluquer sa belle voiture...

Je me souviens qu' un parapluie noir à canne dorée était déposé sur la plage arrière, parapluie qui n'avait pas trop plu à l'amie de mon père qui m'accompagnait alors... Il lui faisait sans doute penser à la réputation sulfureuse que ce genre de voiture décapotable avait à l'époque... Mais, après tout, les femmes élégantes et riches s'en accomodaient, plutôt que de renoncer à conduire une aussi jolie voiture!

Je ne tardai pas à apprendre par le chef d'atelier du concessionnaire Mercedes que cette belle 280 SL appartenait à un magnat de l'immobilier strasbourgeois. Elle n'était pas à vendre, comme aucune autre à l'époque, d'ailleurs. C'est pourquoi ma première 230 SL fut achetée chez Hubert automobiles, qui exposait au Salon de l'Auto à Paris dans ces années là...

Les années passaient, les voitures se succédaient, sans jamais oublier complètement la voiture d'Emile Stahl à qui j'ai dû téléphoner à deux ou trois reprises. La réponse était toujours la même, négative, vous vous en doutez! Quoique, le temps passé faisait que la voiture servait de moins en moins, l'age et la santé de ses propriétaires les ayant orientés vers des modèles plus confortables, à l'accessibilité moins problématique.

La voiture fut remisée au fond du vaste garage en sous-sol de son immeuble d'habitation, pour y être désormais oubliée... Les choses changèrent quand le contrôle technique devint obligatoire, car la voiture se devait de rester en état de marche, même si elle ne servait plus.

Tous les deux ans, elle se voyait confiée à un garagiste strasbourgeois, dont la spécialité était l'entretien des systèmes de climatisation, et qui effectuait l'entretien nécessaire à l'obtention d'un contrôle sans contre-visite.

Un beau jour de l'été 2001, ayant revendu une Smart décapotable pour racheter un cabriolet 280 SL quasi neuf de la série R107 (celui des fameuses séries télévisées américaines), je débarquai chez Bernard Ott pour en faire réviser le climatiseur d'air qui bien sur ne fonctionnait plus.

C'est lui qui pensait m'apprendre quelque chose en me racontant qu'il s'occupait régulièrement d'un modèle plus ancien, ayant justement la même couleur de carrosserie! Il ne pouvait que s'agir de la voiture de Madame Stahl, car je n'en connaissais aucune autre. Nous avons vite sympathisé , et il m'assura que le jour où la voiture serait à vendre, j'en serais averti en priorité.

Il fallut encore attendre sept années supplémentaires pour que l'achat se concrétise. Ce qui n'était finalement plus grand'chose, puisque trente ans s'étaient écoulés depuis la première découverte du véhicule! Aujourd'hui, je peux vous affirmer n'avoir jamais attendu une autre auto aussi longtemps!   

Comments

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